Un article de La Dépêhce du Midi soulève notre attention : titré “Auch. Du canard gras halal bien de chez nous”, cet article daté du 29 décembre dernier relate “l’envol” d’un auto-entrepreneur d’origine maghrébine, Slimane Boutari, qui produit des foies de canard halal. On a longuement parlé ici des dérivés de plats à l’origine non halal vendus pour les fêtes.
Selon Slimane Boutari, ce foie gras est produit dans les règles : l’animal est tourné vers La Mecque au moment de d’être égorgé, et le sacrificateur en appelle à Dieu. De plus en plus de demandes lui parviennent, les Musulmans de la région étant selon lui sensibles au bon goût des inévitables traditions locales. Bon.
Mais deux problèmes se posent tout de même. Lui-même certificateur, Slimane est le propre garant du respect de son processus. Or c’est bien évidemment par l’intervention d’un tiers, et d’un tiers uniquement, que la certification peut être validée. Une fois (sans mauvais jeu de mot) de plus, les enjeux commerciaux semblent avoir pris le pas sur les bonnes intentions halal de notre producteur local.
Ensuite, c’est surtout le titre de l’article qui nous arrête : “Du canard gras halal bien de chez nous“. Bien de chez nous ? Pour dire quoi ? Que si ce foie gras était produit ailleurs il serait moins bon ? Que seul le foie de canard produit à Auch est valable, quitte à ce qu’il soit produit par un Musulman ? Ca sent le “bon arabe” d’Hortefeux, celui qui “va encore” quand il n’y en a qu’un, celui qui fait bonne figure, qui amuse la galerie avec son foie gras halal tant qu’il n’égorge pas le mouton dans sa baignoire et qu’il n’importune pas ses voisins avec le bruit et l’odeur de sa cuisine. “Bien de chez nous”, ou comment avaler la couleuvre du racisme tout en affichant son rejet de l’autre.
La preuve : le patron paternaliste de Slimane a cette phrase extraordinaire : “Déjà qu’ils se privent des délices du porc, autant que les pratiquants goûtent nos canards !” Quelle belle preuve du respect des traditions, des cultures, des choix de l’autre. Qu’il aille donc goûter au chien bouilli que les Coréens apprécient tant, et qu’il revienne nous dire quel goût ça a, les traditions “bien de chez nous”.
Crier au rascisme est devenue monnaie courante et de plus en plus ridicul. Le fait est que c’ est une initiative louable. Mais quand bien meme un producteur essaye de faire profiter de ses gouts et saveurs a un maximum de culture, la seule chose releve est le “bien de chez nous”. Ca en devient de la paranoia. Il aurait pas ete hallal son foie gras, le terme aurait ete utilise et n’aurait choque personne. Et oui, le musulman n’est pas forcement magrebin, et selon moi brice hortefeux ou tout autre politicien, n’a rien a faire dans cet article ou, toujours selon moi, le “bien de chez nous” represente plus la publicite de son terroir plutot que ce qu’evoque la paranoia de l’article.