Ana Arabia (qui signifie “Je suis arabe”) est un film du réalisateur israélien Amos Gitaï, sorti en France le 6 août 2014. Il retrace l’histoire vraie de Siam Hassan, une Juive polonaise née dans le camp de concentration d’Auschwitz et convertie à l’Islam pour pouvoir vivre avec son mari musulman.
Au-delà de ce résumé concentré, Ana Arabia présente plusieurs intérêts : d’abord l’histoire très touchante de cette femme, dont on ne découvre l’histoire que par le regard que porte sur elle une journaliste, Yaël, puisque l’héroïne véritable, Siam Hassan, est décédée. En dressant le portrait de cette vie et de ses choix, Amos Gitaï pose des questions qui résonnent avec une ampleur vertigineuse à l’heure où Gaza subit les frappes israéliennes : qu’est-ce qu’être musulmane quand on est née juive ? Quel est le regard des autres sur nous ? Comment être acceptée ?
C’est aussi un exploit technique puisque le film, d’une durée de 81 minutes, est un plan séquence, c’est-à-dire une seule scène continue sans la moindre coupure. En suivant la journaliste Yaël dans les dédales de la propriété qui sert de décor au film, Amos Gitaï plonge le spectateur au coeur de lui-même, avec en thème de fond la question de l’identité liée au lieu d’où nous venons. Arabe, Juive, Polonaise, Musulmane, l’histoire de Siam Hassan est la meilleure preuve possible que ces identités ne se limitent pas à une question de territoire. Un discours courageux et salutaire.